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17 octobre 2021 7 17 /10 /octobre /2021 11:57
Philippe de CHAMPAIGNE, Portrait de Louis de Béthune, comte, puis duc de Charost, vers 1655, huile sure toile (restaurée), 60 x 72 cm. Collection du musée du Grand Siècle. Photo Wikipédia.

Philippe de CHAMPAIGNE, Portrait de Louis de Béthune, comte, puis duc de Charost, vers 1655, huile sure toile (restaurée), 60 x 72 cm. Collection du musée du Grand Siècle. Photo Wikipédia.

 

In fine.

 

Après quelques années passées à interroger ce portait peint , à en proposer ici une lecture ou une compréhension qui puisse alimenter ce qui à l'origine n'était qu'une hypothèse soutenue essentiellement par l'intuition , voilà que l'objet en question prend aujourd'hui une place nouvelle : celle qui lui est due.

 

On peut donc enfin admirer ce « Portrait de Louis de Béthune, comte, puis duc de Charost » rendu à Philippe de Champaigne, au Petit château du Domaine départemental de Sceaux dans les Hauts de Seine, avant qu’il ne rejoigne, dans quatre ans, le bâtiment principal de l’ancienne caserne de Sully à Saint Cloud. Car c’est bien à la collection du futur musée du Grand Siècle qu’appartient désormais « notre » portrait. Nul doute qu’il s’ajustera sans peine dans un ensemble d’objets remarquables consacré au XVII è siècle français, d’Henri IV à la Régence, fondé sur la donation des collections de Pierre Rosenberg au Département des Hauts de Seine. Les choses sont à venir, concernant ce grand projet dont le Petit château du Domaine de Sceaux n’est autre que la préfiguration.

 

Suite à sa restauration Le portrait de Louis de Béthune-Charost, a retrouvé quelque chose de son éclat passé et même si le regard du modèle reste comme éteint - c’était sans doute la part définitivement perdue de ce tableau - la rhétorique serrée de l’œuvre fonctionne encore fort bien. Pour l’avoir revu sur place, je crois desceller à proximité du bord droit, les traces d’un ciel qui conforte dans l’idée que les rapports de lumières entre la figure et le fond devaient sans doute être plus subtiles. On peut imaginer qu’un fond un peu plus clair, jouant comme à l’avant des tons chauds et froids, devait atténuer cette impression que le modèle  « sort de l’ombre » . Même si en l’occurrence…c’est assez le cas...

Les choix de restauration semblent avoir été de conserver certaines traces de l’histoire de ce tableau : l’inscription sur laquelle chacun s’accorde à considérer qu’elle est postérieure - voire très postérieure - à son exécution, parce que erronée ; le ruban bleu de l’Ordre du Saint-Esprit qui est un rajout qu’on ne peut décidément donner à la main de Champaigne et qui ici, sensiblement allégé, laisse apparaître la sangle de cuir qui soutient l’épée que porte Louis de Béthune au côté gauche et dont on aperçoit le pommeau sous son bâton de commandement.

Un autre détail révélé par la restauration est ce grain de beauté marquant la tempe droite du modèle. Il ne peut échapper au regard, tant Philippe de Champaigne ne semble pas s’être particulièrement appliqué à l’y soustraire. Si l’hypothèse que nous formulions dans un précédent article selon laquelle le portrait au lavis de la collection Clairambault, comme le portrait en pied du château de Sully, tous deux situés entre la fin du XVIIè siècle et le début du XVIIIè, dérivent bien de ce portrait, alors on peut avancer que le grain de beauté en question dut être recouvert assez tôt, puisqu’il n’apparaît dans aucune des deux représentations. On comprend les motivations d’une telle coquetterie, faute de pouvoir en situer précisément l’origine. Visuellement, la singularité chagrine mais pour Philippe de Champaigne, en tout cas, elle semble avoir été pleinement assumée.

 

L’étude de ce tableau sera approfondie par d’autres et heureusement enrichie de nouveaux éléments qui viendront confirmer ou infirmer quelques idées émises ici. C’est dans l’ordre des choses et cet ordre là est le bon. Mais enfin, si je peux dire ma satisfaction de savoir cette œuvre entre de bonnes mains voire m’enorgueillir de la savoir intégrée à un projet d’envergure nationale, je ne parviendrai définitivement jamais à dire ce que l’observation intime de cette peinture a bien pu m’apporter... tant elle m’a apporté. 

In fine… ce qui reste et restera entre elle et moi.

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