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1 novembre 2018 4 01 /11 /novembre /2018 18:17

 

Philippe de Champaigne, Portrait de Louis de Béthune, comte de Charost, vers 1650, huile sur toile non datée non signée, 72 cm x 60 cm. Collection privée.

Révision.

 

Depuis 2014 et le dernier article consacré ici au Portrait de Louis de Béthune, notre proposition d'attribution à Philippe de Champaigne n'est pas restée sans suite . Si bien que les réserves qu'il fallait s'imposer, par absence de document décisif autant que par honnêteté intellectuelle, se doivent aujourd'hui d'être plus mesurées.

Début 2016, Frédérique Lanoë historienne de l'art spécialiste de Philippe de Champaigne et de son atelier a qui nous avons eu l'occasion de montrer notre tableau, a confirmé notre intuition et ajoute l'oeuvre au catalogue raisonné de Philippe de Champaigne qu'elle prépare (communication orale).

En avril de la même année, c'est José Gonçalves qui, dans son PHILIPPE DE CHAMPAIGNE/Supplément 2016 au catalogue de l'oeuvre peint et dessiné mis en ligne le 16 avril, montre et commente le portrait de Louis de Béthune parmi plusieurs œuvres autographes inédites du maître. (http://www.josegoncalves.fr/tronc/PdC-jose-goncalves-modificatif2.pdf). Même si l'analyse proposée par l'auteur, en avançant un peu trop la figure du peintre flamand Jean de Reyn peut sembler contradictoire de prime abord avec un classement de notre portrait comme « œuvre  autographe » de Philippe de Champaigne, elle trouve dans ses dernières lignes un développement plus conforme à son intitulé et suit finalement notre attribution.

 

 

Vers un historique possible ?

 

Suivant les informations transmises par son ancien propriétaire (Bouteloup), notre tableau était dans la famille depuis deux générations ; famille localisée essentiellement dans la région de Mézidon-Canon et de Falaise, au sud-est de Caen, en Normandie. A moins de 80 km de ce secteur, en Normandie toujours, on trouve le Château de Beaumesnil construit au XVIIè siècle et qui fut, entre 1760 et 1802, la propriété d'Armand Joseph de Béthune, duc de Charost et Pair de France, descendant de notre Louis de Béthune. L'hypothèse suivant laquelle, ce portrait de Louis de Béthune aurait pu appartenir successivement à Louis Armand de Béthune (1641-1717) , Armand de Béthune (1662-1747), Paul François de Béthune (1682-1759), François Joseph de Béthune (1717-1739) jusqu'à Armand Joseph de Béthune (1738-1800) - somme toute assez peu originale, puisque c'est celle d'un bien transmis de père en fils - serait confortée par ce premier élément géographique. Mais un second élément peut étayer cette hypothèse.

Il se trouve que l'ancien propriétaire de notre portrait était en possession d' un autre portrait  susceptible d'avoir suivi le même chemin par transmission familiale ; celui de Marie Catherine de La Rochefoucauld (1588-1677) comtesse puis duchesse de Randan, première Dame d'honneur de la reine Anne d'Autriche et Gouvernante des enfants royaux de 1643 à 1646. Si ce tableau sans rapport avec l'art de Philippe de Champaigne, vendu sur le marché de l'art en 2015 par la famille Bouteloup et dont la localisation actuelle nous est inconnue a retenu notre attention, c'est parce que François Joseph de Béthune (père d'Armand Joseph de Béthune) s'est marié en 1737 avec Elisabeth dite de Roucy de La Rochefoucauld laquelle avait des ancêtres communs avec Marie Catherine de La Rochefoucauld : François III de La Rochefoucauld et Charlotte de Roye comtesse de Roucy, mariés en 1557 (source geneanet). Les portraits de Marie Catherine et de Louis de Béthune, possiblement réunis en 1737 ont donc pu assez naturellement orner les murs du Château de Beaumesnil dès 1760 et n'être plus séparés que suite à leur vente par la famille Bouteloup, entre 2014 et 2015.

En extrapolant autour de notre hypothèse, notre tableau a très bien pu, en dépit des troubles de la Révolution, rester au Château de Beaumesnil jusque 1828 date de la mort de Maximilienne Henriette Auguste de Béthune, veuve du fils d'Armand Joseph de Béthune, remariée à Eugène Alexandre marquis de Montmorency et duc de Laval voire même jusqu'à la mort de ce dernier, en 1851. Les mariages d'Eugène Alexandre n'ayant engendré aucune descendance, le château est passé aux mains de la famille de Maistre par le biais de Rodolphe de Maistre, frère de la seconde femme d'Eugène Alexandre, Constance de Maistre. On peut comprendre alors que les liens s'étiolant peu à peu entre la famille de Béthune-Charost et les héritiers de Beaumesnil, les biens les plus personnels de celle-ci aient finalement été vendus dans la région.

Malheureusement, nous ignorons tout des conditions de l'acquisition des portrait de Louis de Béthune et de Marie Catherine de La Rochefoucauld par la famille Bouteloup. Le châssis du Portrait de Louis de Béthune (probablement XIXè) porte à l'arrière le N° 921 dans une graphie fin XIXè ou début XXè qui peut autant renvoyer à un numéro d'inventaire qu'à celui d'un lot d'une vente quelconque. Quoi qu'il en soit, il semble raisonnable de penser que c'est en raison même de son maintien sans doute tardif dans la famille de Béthune-Charost, puis, assez directement, dans la famille Bouteloup que notre portrait a pu échapper à la sagacité des historiens d'art.

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