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20 janvier 2008 7 20 /01 /janvier /2008 14:02

 

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Jean Pierre BERTOZZI,  Contrariété II , technique mixte sur toile, 60 cm x 92 cm. 2004.
 
Deux espaces joints s’équilibrent curieusement comme s'ils tiraient leur unité de leurs différences. Un titre laconique semble viser à faire de cette opposition l’unique sujet de l’œuvre peut-être même l‘unique « discours » à y appliquer tant l’ensemble se satisfait pleinement du silence.
En somme,  les différences, les jeux d’oppositions susciteraient une sorte de dynamique, de dialectique presque, là où l’équilibre et le silence imposent fixité et sobriété.
A gauche, des surfaces de papiers marouflées, superposées, épluchées, déchirées, grattées, frottées, usées, essuyées, tachées, peintes… un peu à la manière de Raymond Hains, offrent une diversité de textures lisses, plucheuses, velouteuses, tramées ou veinées que l’œil se plaît à fouiller en cherchant l’ordre des manipulations. Dans cette partie, une histoire plastique s’est enregistrée : des actes, des gestes, des intentions, des résultats, des hésitations, des retours, du fait autant que du défait, des pauses, des précipitations…. Tout s’y accumulerait jusqu’au brouillon si la géométrie régulière des feuilles de papiers n’avait imprimé une structure à cette géographie tachiste et informelle.
A droite, c’est le minimalisme d’un panneau gris à peine brossé de nuances qui s’oppose à la fièvre tempérée du volet gauche. Et alors que des noms comme Tàpies ou Fautrier demandaient à remonter des empâtements, sous-couches et réserves, c’est Barnett Newman qui finalement vient en contrepoint ; toutes proportions gardées car ces références ne sont certainement pas pour Jean Pierre Bertozzi une manière de discours portant sur l’histoire de la peinture abstraite. Et pourtant, si je sais pour m’être entretenu avec son auteur, qu’au-delà de ce bel arrangement mat de gris, jaune paille, beige, havane, champagne, il y a des souvenirs de voyages, une part de matériaux extraits de la réalité banale liée à la situation professionnelle du moment, il m’apparaît aussi que l’Abstraction en se nourrissant d’elle-même, trouve ici les moyens de se poursuivre. Non sans questionnements, sans doute, non sans intimes contrariétés… certainement. 

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Vous en découvrirez bien plus en visitant son site : http://leprojet.canalblog.com/
 
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27 décembre 2007 4 27 /12 /décembre /2007 17:11
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Aloïs PENZ (1853 – 1910), Portrait de Femme, fusain et rehauts de craie blanche sur papier beige, 58 cm x 44 cm. Vers 1900.


Il est comme ça, des images qui vous fixent en inversant d’autant les rapports du regardeur au regardé ; des images qui vous épinglent par leur intensité offensive. 
Ce Portrait de Femme par Aloïs Penz, réalisé vers 1900, n’est pas étranger aux figures féminines d’un Ferdinand Khnopff ou même d’un Gustav Klimt. S’y retrouve une sorte de fascination pour la femme ambiguë douée d’une sorte de séduction prédatrice.  Et si au détour d’une bretelle tombante et d’un regard noir sous une crinière défaite on y transfert aussi facilement une part des fantasmes qui traversent de Méduse à Judith, le champ de notre inconscient plus ou moins collectif, c’est peut-être tout bonnement parce que le contexte qui est à l’origine de telles images  - Penz comme Klimt était autrichien - est aussi celui qui a vu naître la psychanalyse. En somme, ce qui relie ce dessin de Penz au Symbolisme ou à la Sécession Viennoise est certainement bien plus qu’un simple sentiment confus.
Après tout, Aloïs Penz peintre et graveur, portraitiste et paysagiste, né en 1853 étudia bien à Vienne, Munich et Weimar auprès de Rumpler, Herterich et Thedy entre 1888 et 1892 avant de passer en France, au cours des cinq premières années du XXè siècle, par les ateliers de Roll et de Carrière ; il serait curieux de ne pas retrouver chez lui un peu de cet air du temps qui en travaillant à sonder les âmes  devait aussi en extraire quelque noirceur. Une noirceur dont ici le fusain se ferait l’écho un peu halluciné. 
 
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25 novembre 2007 7 25 /11 /novembre /2007 12:18
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Charly LEONARD, Intérieur rustique, huile sur panneau 38 cm x 46 cm, 1937.
 
Il faut parfois chercher un moment et accepter de perdre beaucoup de son temps pour réunir quelques informations, même modestes, à propos d’un artiste ; juste en vue de le cerner un peu plus.
C’est ce qui m’aura au moins permis de reconnaître dans la signature apposée au bas de ce tableau, celle de Charly LEONARD ; peintre, graveur mais aussi sculpteur né en 1894 et mort en 1953.
S’il ne semble pas encore avoir fait l’objet d’une étude précise et raisonnée, cet artiste, auteur de nombreux paysages (Bruges, Andalousie), de natures mortes, de vues d’intérieurs souvent brossés sur panneaux, n’en reste pourtant pas moins prisé d’un cercle restreint d’amateurs.
La peinture de Charly LEONARD s’attarde clairement sur la tradition, sur ce qui reste ici ou là d’un passé rustique mais attachant à opposer encore à une modernité que la marche du temps décidément impose. A priori, aucune polémique dans tout ça, même si au cours de ces années trente, les débats qu’animent modernistes, traditionalistes ou régionalistes, sont bien vifs.
 
Dans cet Intérieur rustique, on se laisse facilement séduire par la construction d’un espace en volumes et plans synthétiques que quelques détails seulement – un bouton de tiroir, une cafetière vermillon, un piétement de poêle – empêchent de s’épanouir en une formule purement abstraite.
Les gris dominent largement sans lasser. Ils se déclinent en anthracite, gris vert, gris bleu, taupe, gris perle…  étament l’image tandis qu’à gauche, sur un flanc de mur clair, deux lignes violacées et un rectangle ocre jaune rehaussent l’ensemble comme le font ailleurs quelques verts olive.
A distance, le tableau propose un équilibre reposant, une ambiance calme faite d’une pénombre que la lumière entame à peine. Mais de près, les surfaces s’animent et la touche s’empresse, devient nerveuse, expressive et moderne comme si au fond il y avait bien là une sorte de tension, une contradiction entre deux mondes, deux temps ; une contradiction complexe dont l’artiste parviendrait à rendre compte en en glissant un aspect entre son sujet et sa manière.

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22 octobre 2007 1 22 /10 /octobre /2007 19:08
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Tête de soldat, pierre noire sur papier 47 cm x 31 cm, vers 1780.

     Face à ce type de document, en l’absence de date et de signature, il ne reste que l’essentiel : le dessin lui-même.

Force est de constater que celui-ci contient plus de " manière " que d’invention. Le trait y est assoupli jusqu’à la mollesse dans le contours des formes, régularisé en hachures dans les ombres et le traitement de la barbe. Sans surprise, la pierre noire y est écrasée pour charger quelques creux d’une matière plus sombre (narine, bouche, œil, lobe de l’oreille…). L’ensemble témoigne d’une maîtrise acquise. C’est un dessin académique. .. avec ses qualités et ses défauts.

En s’intéressant un peu à l’histoire de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture fondée en 1648 par Mazarin ; à son enseignement, à ses produits, ses acteurs, on peut trouver à situer un tel dessin dans un parcours. Manifestement, nous sommes déjà entré ici dans cette période où la formation s’alourdit en " recettes ", où les mains et les individualités ont tendance à se confondre en une manière parfois faussement flamboyante mais toujours repérable par sa souplesse apparemment facile, sa rondeur épaisse. Nous sommes entre 1770 et 1790, avant que David n’insuffle quelque chose de plus spartiate et de plus lisse.

Reste que cette période n’est pas la plus étudiée de la vie de cette institution tant attachée à la peinture d’Histoire. Elle n’est pourtant pas sans intérêt. Mais qui connaît les Doyen, Vincent, Brenet, Durameau  parmi les Restout, Lépicié et autres van Loo… ?

Souvent, de telles " lacunes " se comblent par des attachements aussi soudains que spécialisés. Soyons patients… et attentifs, puisque ce dessin semble avoir servi à une composition d’ensemble, à en juger par le fait que les principaux contours en ont été perforés à l’aiguille laissant croire à sa probable retranscription sur un autre support.

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10 septembre 2007 1 10 /09 /septembre /2007 13:14
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Delphine De Luppé ,Sans titre, technique mixte, 30 cm x 31 cm, avril 2007. Collection personnelle.

 

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Détail.

    C’est d’une série de trois tableaux croisés au Salon des Réalités Nouvelles d’avril 2007 – un salon consacré à l’abstraction – qu’est extraite cette œuvre sur papier de Delphine De Luppé.

Sans figuration déterminée, l’ensemble m’avait plongé dans un univers flottant et bucolique ( proche des Nymphéas de Monet) pareil à ces coins de nature abandonnés et redécouverts au hasard. Par les jeux d’accumulation, de recouvrement et de réserve on pouvait entrer dans l’épaisseur des couches graphiques comme on  entre dans un carré d’herbes hautes : au passage, écarter de l’œil les lavis d’encres, les jus mais aussi la matière du pastel et son gras translucide. Il y avait de l’eau aux reflets grisâtres dans cette affaire… aussi des barques ( ?)  aux allures de tables, tantôt vides tantôt pleines et une nervosité omniprésente qui frisait la surface des images. J’avais ça en mémoire.

Finalement, des trois panneaux de ce triptyque sans lien clair, il n’en restait que deux lorsque j’ai rencontré Delphine De Luppé dans son atelier. La suite étant rompue, mon choix s’est porté sur cette partie qui contenait beaucoup des impressions ressenties… mais pas toutes.

A l’occasion de cette visite, j’ai pu reconnaître chez cette artiste des motifs ou thèmes récurrents puisés avec obsession dans un registre bien plus figuratif qu’abstrait : entre autres, des cuves, baignoires, abreuvoirs… - c’était mes barques aux allures de tables – le tout rendu avec un langage très expressif où la couleur exulte.

 

Je vous laisse en découvrir plus à l’adresse suivante : http://delphinedeluppe.free.fr/

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7 juillet 2007 6 07 /07 /juillet /2007 11:22

Bon, c'est " vacances " là !

Je vous laisse donc avec cette seule gravure. Les esprits joueurs pourront s'appliquer à trouver le nom du peintre auteur du tableau qu'interprète l'estampe (assez facile). Ils pourront aussi chercher le nom du graveur, quelques informations sur le modèle... enfin, tout ce qu'ils jugeront bon d'ajouter. Et puis, vous pouvez bien aussi dire tout ce que vous voulez : c'est " vacances " , y'a relâche !

En vous souhaitant un très bel été et en vous remerciant au passage pour votre participation toujours active !

Merci.

 

Portrait, eau-forte, 30 cm x 24 cm. Collection personnelle.

 

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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 12:00

 

Quelques problèmes techniques (indépendants de ma volonté, ça va sans dire) m’empêchent toute saisie et tout traitement de nouvelles images. Il me faut donc faire avec ce qui traîne ici ou là dans les tuyaux de mon ordinateur.

C’est l’occasion d’élargir la rubrique COLLECTION à la présentation d’objets qui n’en font plus partie : un élargissement de secours, en somme…

 

Ida DIEM-TILP, Portrait de femme au collier jaune, huile sur toile signée en bas à droite, 40 cm x 50 cm environ. Vers 1920-30. Localisation actuelle inconnue.

 

 

 

J’avais donc ce tableau de Ida Diem-Tilp ; artiste autrichienne née en 1877, morte en 1957 et longtemps active à Munich. A Karlsruhe, elle fut l’élève de Wilhelm Trübner (1851 – 1917) un peintre bien plus connu, très intéressant, mais assez difficile à cerner en raison d’une sensibilité ouverte à divers courants.

Dans ce portrait des années 1920 - 1930, une facture sèche et épaisse accrochée à une toile rustique impose d’abord la matérialité du tableau : une évidence rugueuse qui tranche nettement avec l’image d’un modèle au regard clair perdu dans ses pensées.

S’il fallait tenter d’incorporer cette oeuvre dans un tissu plus référencé, je dirais que le modelé en facettes de la coiffure a quelque chose de cézannien tandis que dans cette manière de brosser lourdement, sans souci de séduire, en laissant apparaître la réserve par endroits, tout comme dans le coloris, il est possible de sentir l’influence d’un fauvisme ou d’un expressionnisme très largement tempérés. Reste à savoir si cette tempérance est due au portrait qui, suivant son commanditaire, n’autorise pas toutes les libertés ou si c’est là une caractéristique de l’art de Diem-Tilp. N’ayant vu jusqu’à présent, qu’une seule autre peinture de cette artiste, je ne peux m’en faire une idée plus précise.

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21 mai 2007 1 21 /05 /mai /2007 12:18

 

 

Le Philosophe Empedocle, gravure au burin de Jéröme David sur un dessin perdu de C. Vignon, 21 cm x 17.5 cm. Vers 1635. Collection personnelle.

 

Il faut se faire à l’idée que les suites ne manquent pas chez Claude Vignon (1593 – 1670).

Celle des Bustes de Philosophes et de Rois précède de dix ans la première édition de la  Galerie des Femmes fortes  déjà évoquée ici. Publiée par François Langlois dit Ciartres, vers 1635 donc, elle se compose de 36 portraits gravés, dont 21 le sont d’après Vignon, 11 d’après Rembrandt et 4 d’après Alessandro Varotari. La plupart de ces gravures semblent dues au burin de Jérôme David.

Par cet ensemble ne reposant en terme de physionomie, sur aucun fondement historique, Claude Vignon s’est plu à traiter ses têtes comme autant de figures volontiers fantaisistes à la psychologie un peu forcée qui emprunteraient plus au théâtre et à la caricature qu’à cette densité rembranesque dont elles sont sensées dériver. Pour certaines en tout cas. Et de toute façon, c’est plus un bonheur qu’un regret. Il faut dire que certains noms poussent l’imaginaire : Geoffroy de Lusignan, dit la Grande Dent ; Atabalipa, roi du Pérou ; Paracoussi, roi de Plata ; Denys, tyran de Syracuse ; Cadamost, roi d’Ethiopie… à l’imaginaire et à l’exotisme.

 

Geoffrey de Lusignan, dit à la Grande Dent, gravure de J. David d’après C. Vignon.

 

 Paracoussi, roi de Plata, gravure de J. David d’après C. Vignon.

 

 

Parmi tant de curiosités pittoresques, notre Empedocle a quelque chose de plus sobre. Mais c’est un bon exemplaire de ces têtes de vieillards plutôt répandues dans l’univers caravagesque de l’époque.

Ici, barbe et cheveux abondants offrent au burin de David, l’occasion de tailler avec souplesse tandis que les sillons droits, étroitement croisés, traduisent le noir profond et velouté du manteau et du bonnet. La mise en page reste simple et montre un philosophe en prise directe avec l’absolu, émerveillé peut-être par la poésie de sa propre conception de l’univers physique fait des quatre éléments mûs par rien d’autre que.. la Haine et l’Amitié :  tout un programme.

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16 avril 2007 1 16 /04 /avril /2007 11:40

Eliane Larus, Le Patriote, feutre, encre sur Kleenex, 26 cm x 29 cm, vers 1975. Collection personnelle.

 

Un peu de simplicité dans ce monde de brutes. Autrement dit : … plus de Brut.

Née en 1944, Eliane Larus fait partie de ces artistes qui cantonnent consciemment leur créativité à l’en-deçà d’un art cultivé chargé des références encombrantes de l’homo aestheticus. A la suite d’un Jean Dubuffet poursuivant sa quête d’une spontanéité intactes dans l’art asilaire, les productions d’enfants ou l’art naïf, Eliane Larus depuis les années soixante-dix, développe sa poésie où se côtoient des figures humaines cabossées, des bêtes, des petites entités, des formes incertaines qu’elle veut naïves mais pas innocentes. Autant dire que son travail se charge d’un certain sens.

De ses interventions en écoles primaires, elle aura retenu un graphisme saccadé, hésitant, parfois nerveux (elle parle de griffures agacées), une mise en page souvent décalée, des compositions quelque peu anarchiques, une simplicité primaire, primordiale ou primitive (comme on voudra) qui ne manqueront pas d’évoquer Gaston Chaissac. Par communauté d’esprit sans doute ; le poids de l’influence n’est pas toujours très clair.

Toujours est-il que Dubuffet " découvreur-inventeur " de l’Art Brut, a su se montrer assez attentif pour écrire en 1981 à propos de ses oeuvres  : " … une verve très inventive s’y manifeste continuellement, à partir de leur conception et tout au long de leur exécution. Les peintures qui les historient sont les plus savoureuses et pleines de trouvailles dans tous leurs détails. En émane beaucoup d’émotion que je ressens fortement… "

De l’invention on peut en trouver dans ce  Patriote , dans la déconstruction du visage, l’improbabilité du support fragile qui absorbe le trait et dédouble l’image, la maladresse d’un geste de salut qui fait tout le sujet…

Certes on reconnaîtra une brutalité plus sulfureuse aux artistes comme Martin Disler ou Ar Penck par exemple qui à leur manière apportent une suite plus contemporaine aux engagements de Dubuffet, mais ce serait au prix de cette petite chose curieuse qui traverse imperturbable, l’œuvre d’Eliane Larus ; comme une légèreté grinçante.

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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 11:54

 

Ludovic Janssen, Passy, Haute Savoie, huile sur panneau, 33 cm x 41 cm, signée en bas à droite. Inscription au dos : " Passy Haute Savoie, 1929, Ludovic Janssen, rue des Eglantiers, Liège ". Collection personnelle.

 

      En un point haut, une carapace de planches s’appuie fermement sur une maçonnerie épaisse. C’est une de ces constructions rurales aux usages imbriqués. Autour, personne. L’absence de figure humaine vide le paysage de toute anecdote et en relativisant l’échelle, installe le motif dans une sorte d’isolement monumental qui lui donne sa force plastique. Avec la présence discrète de quelques effets impressionnistes, une touche très affirmée, nourrie, un coloris serré dans les gris, bruns, blanc cassé, bleus gris rehaussé de bleu vif et de vert cru… cette manière de hisser certains constituants du paysage par un point de vue travaillé, une mise en page très structurée, me semble être une des caractéristiques de Ludovic Janssen. En cela, il apparaît aussi comme un très bon représentant de cette Ecole belge de la première moitié du XX ème siècle pour laquelle le paysage reste décidément un genre inépuisable.

Ce peintre, décorateur, dessinateur et illustrateur liégeois né en 1888, mort en 1954 a beaucoup produit : vues de la Campine, des environs de Liège, de Bruges, de la Bretagne, du Midi, de l’Italie... Il n’est donc pas rare. Sa formation partagée entre l’institut de Saint-Luc et l’académie des beaux-arts de Liège s’est enrichie auprès de Ludovic Bauès, Emile Berchmans, Carpentiers, Adrien de Witte et Jean Ubaghs, pour lui permettre de participer activement à divers Salons de peinture dans sa ville natale au point de s’y faire remarquer. C’est entre 1920 et 1940 que sa peinture est consacrée. Comme conclusion à ce parcours honorable, la charge d’enseignant à l’académie de Liège lui sera finalement confiée en 1941.

Rien de bien spectaculaire donc. Mais je l’ai déjà dit, ne concevoir l’histoire de l’art qu’en terme d’avant-garde, d’innovation et de rupture, conduit trop souvent à négliger un ensemble de pratiques certes disparates mais qui ne sont pas moins représentatives de leur époque. Que notre regard soit ainsi faussé est une chose, que quantité d’artistes se voient du même coup ignorés voire méprisés en est une autre… Dans les deux cas, il y a comme une erreur.

 

Complément

 

Ludovic Janssen, Jour de pluie à Bruges, huile sur toile, 60 cm x 74 cm, vers 1930. Cliché ancien. Musée de l’Art Wallon.

 

 Ludovic Janssen, Octobre 1933, huile sur toile, 73 cm x 70 cm, 1933. Cliché ancien. Administration des beaux-arts de Bruxelles.

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