Tête de soldat, pierre noire sur papier 47 cm x 31 cm, vers 1780.
Face à ce type de document, en l’absence de date et de signature, il ne reste que l’essentiel : le dessin lui-même.
Force est de constater que celui-ci contient plus de " manière " que d’invention. Le trait y est assoupli jusqu’à la mollesse dans le contours des formes, régularisé en hachures dans les ombres et le traitement de la barbe. Sans surprise, la pierre noire y est écrasée pour charger quelques creux d’une matière plus sombre (narine, bouche, œil, lobe de l’oreille…). L’ensemble témoigne d’une maîtrise acquise. C’est un dessin académique. .. avec ses qualités et ses défauts.
En s’intéressant un peu à l’histoire de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture fondée en 1648 par Mazarin ; à son enseignement, à ses produits, ses acteurs, on peut trouver à situer un tel dessin dans un parcours. Manifestement, nous sommes déjà entré ici dans cette période où la formation s’alourdit en " recettes ", où les mains et les individualités ont tendance à se confondre en une manière parfois faussement flamboyante mais toujours repérable par sa souplesse apparemment facile, sa rondeur épaisse. Nous sommes entre 1770 et 1790, avant que David n’insuffle quelque chose de plus spartiate et de plus lisse.
Reste que cette période n’est pas la plus étudiée de la vie de cette institution tant attachée à la peinture d’Histoire. Elle n’est pourtant pas sans intérêt. Mais qui connaît les Doyen, Vincent, Brenet, Durameau parmi les Restout, Lépicié et autres van Loo… ?
Souvent, de telles " lacunes " se comblent par des attachements aussi soudains que spécialisés. Soyons patients… et attentifs, puisque ce dessin semble avoir servi à une composition d’ensemble, à en juger par le fait que les principaux contours en ont été perforés à l’aiguille laissant croire à sa probable retranscription sur un autre support.