Pierre Brebiette, Satyresse accouchant, eau-forte, 11,5 x 16,4 cm vers 1630. Collection personnelle.
De Pierre Brebiette (1598 ? – 1642) on conserve bien quelques peintures mais c’est surtout par de nombreux dessins et gravures que se sont transmises jusqu’à nous sa créativité autant que sa fantaisie . C’est une marque du temps ; celle d’un maniérisme finissant. Les Jacques Callot, les Jacques de Bellange s’y inscrivent aussi.
Brebiette pour sa part, semble avoir aimé cultiver certains écarts. Les fesses faisant allègrement face au spectateur ne sont pas rares chez lui et bon nombre de ses thèmes mythologiques sont prétextes à la mise en scène d’amours, de nymphes ou de satyres moqueurs, moqués, tantôt ivres et affalés, tantôt facétieux et bondissants. Il y a quelque chose de joyeux et d’impatient dans ce talent là
Notre eau-forte, Satyresse accouchant, participe de cette veine. L’œil vissé avec insistance dans celui du spectateur, une satyre femelle accroupie accouche d’un improbable chapelet de bébés satyres (à noter le premier tombé qui se protège de la dégringolade de ses congénères) sous les regards amusés de deux satyres adultes qui l’observent en cachette tandis que dans l'écoulement du liquide amniotique, c’est la part la plus crue qui nous est réservée.
On peut penser que ce sont ces sortes de " bizarreries " comme le disait Mariette, ces malicieux caprices qui sont à l’origine de l’oubli relatif dans lequel a sombré Pierre Brebiette jusqu’à sa " redécouverte " récente durant la seconde moitié du XX ème siècle - redécouverte à laquelle le travail de Jacques Thuillier n’est pas étranger - . Mais son trait enjoué, plus rustique que Callot, ses qualités d’invention en font aujourd’hui un artiste recherché. Et cet article serait réducteur s’il ne précisait que son œuvre recèle des sujets religieux parmi les plus sages et donc, que notre impétueux personnage savait aussi se tenir… à l’occasion.