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19 juin 2006 1 19 /06 /juin /2006 10:31

 

Buste d’homme, plâtre patiné bronze signé Duret sur le piédouche, 55 cm x 25 cm x 23 cm, vers 1835.Collection personnelle.

 

       Il faut se méfier avec les plâtres. Tout plâtre supposant traditionnellement un moule, on a trop souvent tendance à associer le plâtre à la copie, à la reproduction, à l'édition d’épreuves multiples dans un matériau certes pratique mais qui manque de noblesse.

Or, l’usage de ce matériau au cours de l’élaboration d’une œuvre n’était pas rare. On trouve de nombreux exemples de modèles moulés retravaillés ensuite par le sculpteur à la cire ou au plâtre à modeler (Rude, Barye…). Il s’agissait alors pour l’artiste de donner rapidement quelques détails, de modifier légèrement quelques volumes, de préciser quelques traits. Aussi, les traces de doigts, de gouges, de gradines sont-elles fréquentes sur ce type de pièces généralement d’une finition peu soignée.

Suivant qu’il répondait ou non aux attentes, ce nouveau modèle devenait ensuite celui dont on tirait un nouveau moule ou celui que l’on traduisait dans le marbre. Autant dire que son statut était alors celui de modèle unique.

Je peux me tromper, mais il me semble que ce Buste d’homme appartient à cette catégorie.

Quant à la signature apposée sur le flanc du piédouche, il se peut que ce soit celle de Francisque-Joseph Duret (1804-1865), sculpteur parisien, élève de Bosio et maître du brillant Jean Baptiste Carpeaux. 

Chacun connaît de lui le groupe en bronze de la Fontaine Saint Michel dans le Quartier Latin à Paris vers 1860. D’autres œuvres conservées dans les Musées de Cambrai, du Louvre, de Troyes, devraient me permettre à l’occasion, de vérifier cette signature.

Reste que l’identité du personnage représenté m’échappe totalement. Son traitement à l’antique nous prive des indices du costume. Sa coiffure, courte et peignée vers l’avant au sommet du front, évoque toutefois la mode sous Charles X.

Une fois de plus, il faut encore travailler pour cerner notre affaire mais c’est là tout l’intérêt.

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8 mai 2006 1 08 /05 /mai /2006 18:53

Christ en Croix, huile sur toile, 64 cm x 40 cm, vers 1700. Collection personnelle.

 

     Il est des images qui connotent un intérieur. Et l’accrochage au mur d’un tableau représentant un Christ en Croix ne vise pas pour moi à redoubler l’instant de la crucifixion, même si le recours au clou s’avère indispensable à l’opération.

En somme, ma participation mystique s’arrêterait plutôt à la vision d’un corps exposé dans une souffrance sublimée. J’en fais ce que je peux aux moments opportuns.

Plus généralement, mon œil croise cette image pour en apprécier le coloris alliant : tons bruns, roux, gris bleus et violacés ; pour observer le modelé affirmé d’un corps lumineux que quelque chose apparente à l’émail.

Dans le fond, la touche est plus nourrie pour rendre le gonflement des nuages dans une lumière d’orage conformément à l’iconographie traditionnelle.

Le tout est composé avec une rigueur simple qui fait participer chaque élément à sa juste mesure. ; y compris ceux qui n’y figurent pas, comme le crâne d’Adam au pied de la Croix par exemple.

C’est là la marque d’un strict respect des Ecritures et du refus d’intégrer à la scène des données apocryphes issues de la Légende de la Croix. En ne faisant pas figurer les traditionnels ossements d’Adam pour la bonne raison que les Ecritures ne les mentionnent pas, notre tableau semble bien participer d’une doctrine pour le moins puriste. Sur le plan symbolique, tout semble dire que la crucifixion du Christ ne rachète en rien les péchés du Premier Homme. La vision aurait donc une orientation clairement pessimiste.

Or, la posture du corps du Christ, en " Y " et non en " T " est précisément celle d’un Christ dit " janséniste " et l’esprit de la doctrine janséniste s’accorde assez avec nos constats précédents.

Cet austère courant religieux s’est particulièrement développé dans l’Europe du Nord des XVII et XVIIIèmes siècles sous l’impulsion de Jansénius, évêque d’Ypres. La France, à travers les solitaires de Port-Royal (autour desquels gravitaient Philippe de Champaigne et Pascal) en a aussi connu quelques représentants vite réprimés vers 1710.

Autant dire que tout colle plutôt bien. Et que sans être capable de l’attribuer, reconnaître ici un tableau flamand (ou français ?) du XVII-XVIIIè siècle, me semble constituer une hypothèse fort recevable.

 

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23 avril 2006 7 23 /04 /avril /2006 08:04

     La tentation était grande dès son origine, d'ouvrir au sein de ce blog, une catégorie " RESTAURATION ", tant ce sujet m'attire. Au point que durant un temps, il m'a semblé naturel de m'y essayer.

J'ai donc " restauré " quelques tableaux anciens en vue de les rendre un peu plus présentables.

 

 

 Charles Francisque RAUB, Portrait de Femme, huile sur toile, 64 cm x 55 cm ,vers 1890. Etat avant restauration. 

 

Ce Portrait de Femme par Charles Francisque Raub - peintre né à Brest durant la seconde partie du XIXè siècle, élève de Bonnat - est l'un de ces tableaux.

Lorsque je l'ai acheté, la toile était désolidarisée de son châssis à plusieurs endroits, très fragilisée, rognée dans sa partie basse, percée en haut à gauche et griffée au niveau du front du modèle jusqu'à sa tempe. La couche picturale se détachait facilement sur tout le bas sans doute parce que le tableau avait séjourné debout sur un sol humide. Le vernis ancien laissait un voile terne sur toute la surface. Bref ! en plus de figer l'image d'une triste rombière (pardon madame), l'objet n'avait rien de bien aguichant.

Le support étant une de ces toiles fines que leur acidité rend cassantes, j'ai opté pour un rentoilage. La toile d'origine à donc été collée (marouflée) sur une nouvelle toile saine et solide de manière à pouvoir être retendue sur son châssis sans risque de déchirure. Après un léger nettoyage, les manques ont été comblés par un mastic sur lequel j'ai procédé au travail de retouche à la peinture à l'huile. Les opérations se sont terminées avec l'application d'un vernis de finition en aérosol.

 

 

Charles Francisque RAUB, Portrait de Femme, état après restauration. Localisation actuelle inconnue.

 

 

Je passe sur les difficultés techniques et les enseignements incomparables d'une telle entreprise pour en arriver enfin au problème qu'elle pose lorsqu'elle s'exerce hors du cadre professionnel.

On sait qu'aucune restauration n'est définitive. C'est pour cette raison que toute restauration se doit d'être mesurée et facilement réversible. En l'occurrence, un rentoilage complet n'était sans doute pas nécessaire : de simples pièces et bandes de tension pouvaient suffire. Mes colles, mastic, vernis, d'origine industrielle, n'offrent aucune garantie de stabilité dans le temps et ne peuvent être supprimés en cas de nécessité, qu'au prix d'un certain endommagement de l'oeuvre. En croyant bien faire, j'ai donc mal fait ; je l'ai appris un peu plus tard à force d'intérêt pour la question et d'échanges avec quelques professionnels.

 

Certes, Charles Francisque Raub n'est pas un des jalons essentiels de l'histoire de l'art français. Objectivement, ce tableau particulier n'a rien d'incontournable. Mais en découvrant récemment son Ismaël au Musée des Beaux-Arts de Chambéry, je me suis dit qu'il n'était pas non plus le petit peintre de portraits que je croyais. D'autres toiles du musée de Brest que j'aurai certainement l'occasion de voir un jour, confirmeront peut-être cette idée.

Quoi qu'il en soit, j'ai décidé finalement de ne pas poursuivre mes activités de  restaurateur en herbe et de ne pas ouvrir ici de catégorie " restauration " ; c'est bien plus raisonnable, je crois.

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19 mars 2006 7 19 /03 /mars /2006 14:52

Pierre Brebiette, Satyresse accouchant, eau-forte, 11,5 x 16,4 cm vers 1630. Collection personnelle.

 

     De Pierre Brebiette (1598 ? – 1642) on conserve bien quelques peintures mais c’est surtout par de nombreux dessins et gravures que se sont transmises jusqu’à nous sa créativité autant que sa fantaisie . C’est une marque du temps ; celle d’un maniérisme finissant. Les Jacques Callot, les Jacques de Bellange s’y inscrivent aussi.

    Brebiette pour sa part, semble avoir aimé cultiver certains écarts. Les fesses faisant allègrement face au spectateur ne sont pas rares chez lui et bon nombre de ses thèmes mythologiques sont prétextes à la mise en scène d’amours, de nymphes ou de satyres moqueurs, moqués, tantôt ivres et affalés, tantôt facétieux et bondissants. Il y a quelque chose de joyeux et d’impatient dans ce talent là

     Notre eau-forte, Satyresse accouchant, participe de cette veine. L’œil vissé avec insistance dans celui du spectateur, une satyre femelle accroupie accouche d’un improbable chapelet de bébés satyres (à noter le premier tombé qui se protège de la dégringolade de ses congénères) sous les regards amusés de deux satyres adultes qui l’observent en cachette tandis que dans l'écoulement du liquide amniotique, c’est la part la plus crue qui nous est réservée.

      On peut penser que ce sont ces sortes de " bizarreries " comme le disait Mariette, ces malicieux caprices qui sont à l’origine de l’oubli relatif dans lequel a sombré Pierre Brebiette jusqu’à sa " redécouverte " récente durant la seconde moitié du XX ème siècle - redécouverte à laquelle le travail de Jacques Thuillier n’est pas étranger - . Mais son trait enjoué, plus rustique que Callot, ses qualités d’invention en font aujourd’hui un artiste recherché. Et cet article serait réducteur s’il ne précisait que son œuvre recèle des sujets religieux parmi les plus sages et donc, que notre impétueux personnage savait aussi se tenir… à l’occasion.

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13 mars 2006 1 13 /03 /mars /2006 07:55

Retour sur ma collection…

    Jacques Callot (Nancy 1592- id. 1635) est un artiste qui ne peut être ignoré même de celui que la gravure intéresse peu.

    A la différence des graveurs d’interprétation, notre Nancéien n’a pas cherché à mettre sa dextérité au service d’un quelconque peintre. Il invente. Ses nombreuses compositions relèvent donc de la gravure d’invention. Elles ont par conséquent tous les caractères de cet art graphique exprimés en des termes plus libres.

 

Jacques Callot, Le Catafalque de l’empereur Mathias, eau-forte et burin, 28 x 20 cm. 1619. Le cuivre de cette gravure se trouve au Musée historique lorrain à Nancy. Collection personnelle.

 

    Le Catafalque de l’empereur Mathias, est un bon exemple de l’aptitude singulière de Callot à traiter simultanément et sans aucune contradiction, une vision très élargie et une description des plus détaillées. Dans de vastes espaces - ici l’intérieur de l’église San Lorenzo de Florence - c’est tout un monde qui se presse non comme une masse impersonnelle mais bien une foule composée d’individus échangeant ensemble, se recueillant en solitaire, soignant leurs mises ou se désignant par quelques gestes distraits. On entendrait presque les chuchotements des conversations s’élever doucement jusqu’au célèbre plafond à faux caissons de l’église florentine.

 

J. Callot, Catafalques de l’empereur Mathias, détail 3 x 3 cm.

 

    Cet espace architectural est l’œuvre de Brunelleschi. Il existe encore. Si on en compare une vue contemporaine avec la description qu’en donne Callot, on mesure assez bien son souci d’en respecter l’effet d’ensemble et de rendre fidèlement la mise en scène ordonnées par Giulio Parigi à l’occasion de la cérémonie funéraire autour de la mort de l’empereur Matthias. Tout y est. : tentures, blasons, squelettes, candélabre, etc.

    Aussi, la contemplation d’une telle gravure est-elle la source d’une satisfaction rare où la distance importe toujours. Comme si vous pouviez à loisir glisser d’une échelle à l’autre : associer la pointe d’une épée à la finesse du burin ou prendre la mesure d’un lieu enveloppant traduit par la perspective et de subtils jeux de valeurs qui témoignent d’une maîtrise parfaite de la morsure à l’eau-forte . On s’y attarde, on y demeure et on s’y perd … bien volontiers.

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2 février 2006 4 02 /02 /février /2006 14:40

Paul Alex DESCHMACKER (1889 – 1973), Etude d’une tête de jeune Fille, huile sur toile, 33 x 24 cm. Vers 1930.

 

Détail de l’Etude d’une tête de jeune Fille. P A Deschmacker

 

     Paul Alex Deschmacker ne semble pas avoir été un peintre parmi les plus importants. A part la rétrospective que lui consacre le Musée de Roubaix (sa ville natale) en 1986, Il n’a suscité que peu d’intérêt et sans doute à juste titre.

    Ses quelques œuvres d’inspiration Art Déco qu’il m’a été donné de voir, n’ont pas été à l’origine d’un grand enthousiasme. On y retrouve souvent comme dans cette petite Etude de tête, un modèle féminin plutôt fort, non dépourvu d’une certaine beauté renfermée mais qui, à l’occasion d’une œuvre aboutie perd rapidement de son charme. On l’aura compris, mon intention n’est pas de présenter Paul Alex Deschmacker comme un artiste dont on aurait tord de se passer.

    Toutefois, cette petite Etude de Tête assez largement brossée, empâtée par endroits, est bien l’œuvre d’un peintre. On y sent une matière vivante, une main et un regard actifs ( dont la part d’effort n’est pas à négliger puisque notre homme y voyait très mal) à saisir sans doute ce qui dans ce portrait d’après nature serait susceptible de nourrir une intention plus vaste : quelque chose d’un type féminin. L’attention se concentre donc sur le visage, n’accordant aux épaules, au cou, à la chevelure et au fond qu’un traitement désinvolte. Et c’est cette désinvolture qui sauve l’affaire, qui donne à l’ensemble sa fraîcheur.

   Notre tableau mériterait un nettoyage. Une tache noire dans le blanc de l’œil gauche perturbe l’intensité du regard. Le modelé du visage par les ombres et la lumière, gagnerait sans doute en subtilité si un léger voile de vernis ancien pouvait être levé. Mais en s’approchant, l’observation de quelques détails permet toujours une entrée en matière … par la petite porte, certes… mais une entrée tout de même.

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8 janvier 2006 7 08 /01 /janvier /2006 11:25

Louis Marin Bonnet, Tête de Joseph, gravure en manière de crayon d’après un dessin de Jean Baptiste Deshayes, 42 x 33 cm. Vers 1760. Collection personnelle.

 

Un petit tour par ma collection…

     Avec le XVIIIème siècle, la curiosité envers la genèse de l’œuvre d’art va croissant. Le dessin préparatoire, l’esquisse , la " maquette " pour la sculpture, constituent alors, en complément de l’œuvre aboutie, des objets dignes d’un nouvel intérêt. Ils sont le lieu par excellence où s’exprime " le feu " de l’artiste suivant les propos de Roger De Piles. Diderot n’en pensait pas moins et bon nombre d’amateurs se mirent à les collectionner avec conviction. Le dessin surtout.

    Mais le dessin est une œuvre unique. Comme tel, il peut désormais faire l’objet de la même diffusion que le tableau par exemple (Cf  l’article: COLLECTION / ATTRIBUTION : jusqu’à Sébastien Bourdon). C’est à l’époque, la gravure qui s’occupe de cette diffusion.

    Toutefois, le dessin n’est pas goûté pour les seules formes qu’il définit et l’image qu’il véhicule. La nature du trait, la matière de l’outil utilisé – pierre noire, sanguine, fusain, craie, encre, lavis…- sont au cœur du regard de l’amateur.

    Il n’est donc pas étonnant de voir apparaître vers 1735, un nouveau procédé de gravure chargé d’imiter à la perfection la nature de ce trait. Jean-Charles François devait en être l’inventeur, Gilles Demarteau un excellent utilisateur et Louis Marin Bonnet celui qui devait finalement dépasser les deux autres.

    Le principe est identique aux gravures traditionnelles : une plaque de cuivre est " agressée " par un outil ou un acide qui la raye ou l’entame. De l’encre est ensuite passée sur cette plaque, puis essuyée. Seule, l’encre accumulée dans les creux subsiste. Une feuille de papier est alors appliquée sur la plaque, le tout est mis sous presse de manière à ce que l’encre résiduelle se " colle " sur le papier suivant les rayures et creusements tracés par le graveur. Les outils employées comme les pointes ou les burins, laissent alors des tracés qui ressemblent plus à des traits effectués à l’encre et à la plume qu’au fusain ou à la craie.

    L’invention de la gravure en manière de crayon réside donc dans l’adaptation des outils : roulettes en tambour, roulette simple… permettant de traduire l’irrégularité et la vivacité du trait de crayon. Le résultat est saisissant.

    La " Tête de Joseph " reproduite ici comporte une petite particularité supplémentaire. Elle ressemble (dans ses épaisseurs, son grain et son poudré) à un dessin à la pierre noire rehaussée de blanc. Or l’’encre noire et l’encre blanche ne peuvent être passées sur la même plaque de cuivre. C’est bien par le recours à deux plaques distinctes, deux impressions différentes et parfaitement ajustées que ce résultat devient possible. Que dire donc des gravures rendant les dessins " aux trois crayons " … ?

 

    Le procédé n’est pas simple. Mais ce qui en résulte est révélateur d’un temps (et d’un esprit) qui voulait voir jusque dans ses fac-similés mêmes, l’essence matérielle de ses originaux.

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22 décembre 2005 4 22 /12 /décembre /2005 14:56

Portrait d’un Gentilhomme, huile sur toile, 93 x 74 cm. Vers 1700. Collection personnelle.

 

A propos de ma collection toujours…

    L’intuition n’est pas chose magique. Elle reste à mon avis, profondément rationnelle en s’appuyant sur des points de connaissance. Lorsqu’elle s’exerce dans le registre de l’attribution, elle fait appel souvent de manière assez fulgurante à des choses vues ou lues, synthétisées jusqu’à former dans l’esprit une espèce " d’objet " idéal qui serait toutes ces choses à la fois mais aucune en particulier. La mémoire y est donc certainement impliquée. Et si le processus m’échappe dans ses détails, ça n’est pas suffisant pour lui prêter des vertus imaginaires. D’autant que la réalité se charge souvent de vous ramener à vos tristes limites.

    J’ai dans ma collection, ce beau Portrait de Gentilhomme qui résiste à ma reconnaissance. Il me semble pouvoir y voir un tableau à la charnière entre les XVIIè et XVIIIè siècles dont la composition est assez basique : altière mais sans emphase.

Le coloris souffle le chaud et le froid en jouant des orangés, prunes et violacés sur un fond brun et gris-vert assez sombre ponctué de zones chaires et de quelques éclats froids (de blanc-violet et de bleu ciel) sur les broderies et les dentelles. Le modelé du visage est plutôt affirmé. La touche est variée et adaptée avec une certaine maîtrise à la chose qu’elle décrit (perruque, velours, peau, dentelles…). Autant d’éléments bien visibles que je ne parviens pourtant pas à rattacher clairement à une Ecole et encore moins à un nom. Mais puisqu’il faut bien s’avancer un peu, je me risque à y sentir quelque chose de français.

Hormis le " costume " affichant d’emblée le rang social du modèle, aucun signe, aucun attribut ne permet d’orienter une recherche particulière sinon ce doigt pointé vers la gauche qui nous invite à sortir du tableau pour sans doute, en apprécier un autre ; son pendant peut-être, représentant Madame, … il y a de grandes chances.

Mais que Monsieur soit marié ne nous avance pas à grand chose…

Au revers du justaucorps pourtant, un insigne se laisse entrevoir. On devine une croix pattée aux extrémités doublées dont chaque pointe porte une petite boule et chaque creux une petite fleur de lys. Un étroit ruban bleu-violet y est associé. Penser alors à l’Ordre du Saint-Esprit peut paraître justifié mais la discrétion (sûrement signifiante) de l’insigne ne permet pas de voir l’emblématique volatil blanc qui étend ses ailes dans la croix. Or, d’autres ordres de Chevalerie sont représentés par de telles croix pattées. Les indices sont donc trop maigres pour suivre cette piste.

Une restauration récente n’a malheureusement révélé aucune signature de l’auteur. Le modèle conserve obstinément son anonymat. Voilà donc bien un tableau qui pour l’instant, reste sans noms.

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13 novembre 2005 7 13 /11 /novembre /2005 23:00

Anges, transvasant un liquide. Sanguine et encre brune au pinceau et à la plume sur papier, 18 cm x 13 cm. Collection personnelle.

   

Donc, je collectionne…

   La visite d’expositions, de galeries et de musées permet un rapport étroit avec les œuvres les plus diverses. La pratique pour sa part, place l’auteur au cœur des modalités de mise en œuvre jusqu’à le mettre définitivement à l’écart d’un jugement critique et objectif de cette portion de l’œuvre qui s’offre d’emblée au " premier coup d’œil " . En cela, rien de nouveau. Mais de quoi relève la collection ? besoin de posséder ? obsession compulsive ? sauvegarde ? effet de mode ? mondanité ? Dans tous les cas il est à craindre qu’elle ne s’accommode plutôt volontiers du futile voire du vaniteux ; travers que certains jugeront d’autant plus condamnables qu’ils s’accompagnent d’une irrépressible folie dépensière.

Pour ma part, la collection personnelle, plus encore que l’exposition, la galerie ou le musée, permet de m’approcher davantage de l’objet d’art, de le manipuler, l’observer, le scruter à tout moment, d’y voir ce qui dans sa fabrication échappe lorsque la distance et le temps vous sont comptés alors que vous en partagez l’observation avec d’autres en d’autres circonstances. C’est donc toujours cette meilleur compréhension du " faire " qui m’anime avec cet avantage particulier que cette compréhension ci ne prive pas de l’enseignement du jugement par " le premier coup d’œil ".

    De ce petit dessin, je ne sais rien. Son thème, sa mise en page - malgré les manques -, sa finesse et sa tonalité, en font un dessin très agréable. L’observation poussée fait remarquer un premier tracé à la sanguine (contours et hachures) étalé par endroits, une dispositions des ombres au lavis intervenant après une reprise des contours à l’encre brune. Cette dernière écriture est particulièrement intéressante : épaisse et appuyée pour porter l’accent sur quelques courbes (hanches, mollets) ainsi que quelques creux ( paupières, front, nez, joue, boucles) ; plus légère et machinale quand elle décrit les ailes ou le drapé. Les reprises d’une même ligne s’accumulent parfois à la sanguine ou à l’encre avec de faibles décalages animant ainsi les contours d’une incessante vibration. Dans ses menus détails, ce petit dessin est donc une leçon graphique. Il enseigne à sa manière mais ça n’est pas tout.

    Son attribution est certes affaire de spécialiste. Il n’empêche qu’elle vous incite à émettre des hypothèses, à chercher à les vérifier autant qu’à les invalider. La fluidité du trait, la souplesse de la ligne me poussent à penser ce dessin dans un contexte italien (une inscription manuscrite au revers semble le confirmer). Le Musée des Beaux Arts d’Orléans conserve une  Délivrance de saint Pierre  de Giorgio Vasari (1511 – 1574)  assez proche de notre feuille par l’esprit. Toutefois, si l’auteur de cette dernière montre un sens de la posture un peu contrainte, un sens du déséquilibre compensé, de la ligne autonome, j’ai peine à y reconnaître un dessin pleinement maniériste. C’est pourquoi, il me semble qu’une datation dans les limites du XVIIème siècle me paraît plus probable.

J’en suis là pour l’instant. Et mon incapacité à en extraire plus de données n’enlève rien à la qualité de ce dessin.

Si par ailleurs vous avez une opinion sur la question, des suggestions ; celles-ci sont évidemment les bienvenues.

 

 

 

 

 

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