Jahel, gravure,Gilles Rousselet et Abraham Bosse, burin et eau forte : 34 cm x 21,5 cm. Entre 1647 et 1667.
Dans la marge on peut lire : IAHEL acheue la victoire de Debore, et la liberté du Peuple de Dieu, par la mort de Sizare General des Cananeans, qu’elle tüe avec un clou dans sa tente.
Salomone, gravure, Gilles Rousselet et Abraham Bosse, burin et eau-forte : 34 cm x 21.5 cm. Entre 1647 et 1667.
Dans la marge on peut lire : SALOMONE exhorte les Macabées ses Enfants au Martyre ; et aprez sept morts souffertes en leurs persones, gaigne par sa propre mort une huitiesme victoire qui la couronne.
Porcie, gravure, Gilles Rousselet et Abraham Bosse, burin et eau-forte : 34 cm x 21, 5 cm. Entre 1647 et 1667.
Dans la marge on peut lire : Porcie auale des charbons ardens, pour aller aprez son Mary ; et par la hardiesse et la nouuveauté de sa mort, egale la reputation de Caton et la gloire de Brutus.
S’il arrive que les mobiles d’une collection soient difficiles à cerner, on trouve au moins parfois quelques finalités claires – jouant comme une collection dans la collection - qui permettent de la circonscrire… un peu. C’est le cas de cette suite de gravures.
Les régences assurées par Marie de Médicis et Anne d’Autriche en cette première moitié élargie du XVIIè siècle sont certainement à l’origine, en France, d’une forme de célébration de la femme héroïque. La Galerie des Femmes Fortes devenant alors comme une espèce de pendant aux diverses Galeries et Portraits des Hommes illustres. Même si sa dévalorisation était encore courante, la reconnaissance du prestige féminin était à la mode. Disons que vu d’ici, on pourrait être tenté de prendre le phénomène pour un rééquilibrage ; un premier pas vers la parité. Sans parler des résonances possibles en ces temps de campagne… Bref !
En 1647 " La Galerie des Femmes fortes " de Pierre Le Moyne est publié à Paris. Cet ouvrage dédié à Anne d’Autriche se compose de 20 chapitres illustrés par Gilles Rousselet (pour les figures au burin) et par Abraham Bosse (pour les fonds à l’eau-forte) sur les modèles dessinés de Claude Vignon. Il consiste en une exaltation poétique de femmes juives, barbares et chrétiennes aux faits légendaires ou historiques : Déborah, Judith, Jahel, Salomone, Marianne, Panthée, Camme, Artémise, Monime, Zénobie, Lucrèce, Clélie, Porcie, Pauline, Arrie, une dame chrétienne et française, Isabelle de Castille, La pucelle d’Orléans, Une dame de Chypre et Cléopâtre. Vingt figures au total.
J’en ai trois : Jahel, Salomone et Porcie.
On y voit l’attention de Claude Vignon à faire varier ses figures par des poses à la fois massives, élégantes et monumentales combinées à des jeux de drapés complexes vivement " sculptés " par Rousselet. En arrière plan, se développent des scènes relatives à l’histoire du personnage dont il est question. Ces contextes baignent dans une douce lumière aux gris très nuancés et alimentent la narration tout en faisant repoussoir. On peut y mesurer la préciosité du métier d’Abraham Bosse.
Parce que trois talents s’exercent dans cet ensemble unifié, chaque feuille est une source de contentement régulier qui en justifie la popularité (plusieurs éditions après 1660). Mariette précisait : " cette série avait grand succès alors et on la trouverait dans plus d’un château ". Ce qui tombe plutôt bien ; … il m’en reste tout de même 17 à trouver !