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1 avril 2007 7 01 /04 /avril /2007 14:12

 

 

Jahel, gravure,Gilles Rousselet et Abraham Bosse, burin et eau forte : 34 cm x 21,5 cm. Entre 1647 et 1667.

Dans la marge on peut lire : IAHEL acheue la victoire de Debore, et la liberté du Peuple de Dieu, par la mort de Sizare General des Cananeans, qu’elle tüe avec un clou dans sa tente.

 

 Salomone, gravure, Gilles Rousselet et Abraham Bosse, burin et eau-forte : 34 cm x 21.5 cm. Entre 1647 et 1667.

Dans la marge on peut lire : SALOMONE exhorte les Macabées ses Enfants au Martyre ; et aprez sept morts souffertes en leurs persones, gaigne par sa propre mort une huitiesme victoire qui la couronne.

 

 Porcie, gravure, Gilles Rousselet et Abraham Bosse, burin et eau-forte : 34 cm x 21, 5 cm. Entre 1647 et 1667.

Dans la marge on peut lire : Porcie auale des charbons ardens, pour aller aprez son Mary ; et par la hardiesse et la nouuveauté de sa mort, egale la reputation de Caton et la gloire de Brutus.

 

 

     S’il arrive que les mobiles d’une collection soient difficiles à cerner, on trouve au moins parfois quelques finalités claires – jouant comme une collection dans la collection - qui permettent de la circonscrire… un peu. C’est le cas de cette suite de gravures.

 

Les régences assurées par Marie de Médicis et Anne d’Autriche en cette première moitié élargie du XVIIè siècle sont certainement à l’origine, en France, d’une forme de célébration de la femme  héroïque. La Galerie des Femmes Fortes devenant alors comme une espèce de pendant aux diverses Galeries et Portraits des Hommes illustres. Même si sa dévalorisation était encore courante, la reconnaissance du prestige féminin était à la mode. Disons que vu d’ici, on pourrait être tenté de prendre le phénomène pour un rééquilibrage ; un premier pas vers la parité. Sans parler des résonances possibles en ces temps de campagne… Bref !

 

En 1647 " La Galerie des Femmes fortes " de Pierre Le Moyne est publié à Paris. Cet ouvrage dédié à Anne d’Autriche se compose de 20 chapitres illustrés par Gilles Rousselet (pour les figures au burin) et par Abraham Bosse (pour les fonds à l’eau-forte) sur les modèles dessinés de Claude Vignon. Il consiste en une exaltation poétique de femmes juives, barbares et chrétiennes aux faits légendaires ou historiques : Déborah, Judith, Jahel, Salomone, Marianne, Panthée, Camme, Artémise, Monime, Zénobie, Lucrèce, Clélie, Porcie, Pauline, Arrie, une dame chrétienne et française, Isabelle de Castille, La pucelle d’Orléans, Une dame de Chypre et Cléopâtre. Vingt figures au total.

J’en ai trois : Jahel, Salomone et Porcie.

On y voit l’attention de Claude Vignon à faire varier ses figures par des poses à la fois massives, élégantes et monumentales combinées à des jeux de drapés complexes vivement " sculptés " par Rousselet. En arrière plan, se développent des scènes relatives à l’histoire du personnage dont il est question. Ces contextes baignent dans une douce lumière aux gris très nuancés et alimentent la narration tout en faisant repoussoir. On peut y mesurer la préciosité du métier d’Abraham Bosse.

 

Parce que trois talents s’exercent dans cet ensemble unifié, chaque feuille est une source de contentement régulier qui en justifie la popularité (plusieurs éditions après 1660). Mariette précisait : " cette série avait grand succès alors et on la trouverait dans plus d’un château ". Ce qui tombe plutôt bien ; … il m’en reste tout de même 17 à trouver !

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20 février 2007 2 20 /02 /février /2007 12:34

Sigmar Polke, Günter Brus, impression offset sur papier 29 cm x 23 cm, signée à la mine de plomb et numérotée 162/175. 1973. Collection personnelle.

 

     Avec Sigmar Polke c’est la connotation, le pouvoir, la neutralité, le statut, le fond, la forme autant que les divers procédés de fabrication de l’image que l’on traverse toujours.

Le travail plus complexe que protéiforme de cet artiste allemand né en RDA en 1941, passé à l’Ouest en 1953, se caractérise par une traduction particulière du Pop Art en un " réalisme capitaliste " débouchant sur une imagerie plus acide et plus critique que celle proposée par Roy Lichtenstein ou Andy Warhol au début des années 60 : une sorte d’engagement qui doit finalement beaucoup à Joseph Beuys.

On y retrouve donc souvent ; publicités, articles, images de presse, de bandes dessinées et références issues d’une longue tradition à caractère historique, invités à l’intérieur d’un même espace pictural, à dialoguer dans un langage à la fois populaire – voire trivial - et savant, ironique et sérieux. En ce sens, Polke peut bien être qualifié d’éclectique. D’autant plus que dans l'élaboration même de ces œuvres se croisent pêle-mêle ; peinture, gravure, photographie, sérigraphie, pochoirs et autres interventions manuelles directes régulièrement guidées par la curiosité de l’expérimentation.

De tels télescopages et superpositions sont soutenus par une réelle réflexion … mais aussi, une réelle gratuité toute dadaïste. Sigmar Polke compte donc parmi les artistes contemporains les plus déroutants.

Ce " Günter Brus " de 1973 ne rend pas compte à lui seul de la richesse de Polke. Avec cet offset, on accède à cette part de recherche, de manipulation de la photographie dans sa phase de développement (ici exposition à la lumière inactinique), dans sa chimie même qui conduit à une perte progressive, une disparition du sujet. Dans ce qui n’est autre qu’un portrait d’artistes, la forme humaine s’efface au profit d’un effet de solarisation directement emprunté à l’underground. L’identité de Gûnter Brus se dissout ainsi dans une réflexion possible sur l’image mécaniquement reproductible. Avec elle, c’est l’unicité de l’acte artistique qui trouve à se multiplier jusqu’à sa perte consciente… à peine rattrapée par une signature autographe à la mine de plomb.

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5 février 2007 1 05 /02 /février /2007 12:20

Puisque je manque de temps, c’est l’occasion de procéder autrement.

Voici donc un dessin ancien sans date ni signature. Vos commentaires permettront certainement d’en dire davantage… enfin, si vous voulez bien.

 

 

Dessin ancien, pierre noire sur papier vergé, 11,5 cm x 9,4 cm.

 

 

Complément 08/02

Adélaïde Labille-Guiard, Portrait du sculpteur Augustin Pajou, pastel, 71cm x 58 cm. 1782, musée du Louvre.

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2 janvier 2007 2 02 /01 /janvier /2007 11:08

Hans Schachinger, Portrait de jeune femme de profil, huile sur carton signée en bas à gauche, 39 cm x 34 cm. Vers 1930. Collection personnelle.

     Avec le portrait, il arrive que l’on confonde peinture et figure … à tort ou à raison.

Il faut avouer que dans le cas présent il y a de quoi, tant la beauté de cette jeune femme est entêtante. On cherchera dans la commissure des lèvres, le dessin du nez ou la longueur des cils de quoi est faite cette beauté là… à raison certainement, car il n’y a ici aucun autre sujet. Tout tient semble-t-il, dans la forme et l’arrangement de ces quelques parties auxquelles aucun bijou, aucune parure – même pas celle d’un quelconque rang social - ne trouve à s’accrocher. La couleur elle-même y reste discrète.

Mais suivre trop longtemps les traits qui font la beauté d’une telle figure c’est risquer d’oublier la peinture ! ces coups de brosses qui arrangent la coiffure, esquissent le sourcil, effrangent le col de fourrure… cette lumière écrasée en une pâte épaisse sur la pommette et la tempe. Bien peu de chose en vérité mais assez pour animer l’ensemble, pour imprimer à l’image un " je ne sais quoi " de fugace, de vivant . Résultat : un modèle qui pense bien plus qu’il ne pose. Quant à l’objet de ses pensées… à moins qu’il n’existe un pendant à ce tableau pour me faire mentir, Hans Schachinger n’en dit rien. Sauf la rougeur des joues peut-être ?

On sait peu de choses de cet artiste Autrichien actif durant la première moitié du siècle dernier. Passé par l’Académie des Arts de Vienne, il s’est formé auprès de l’austère Christian Griepenkerl et du sensible Otto Henry Bacher. C’est du second - fortement influencé par l’impressionnisme - que Schachinger se montre ici le plus proche.

Proche du pouvoir Nazi, il le fut aussi, assez en tous cas, pour réaliser le portrait d’Adolphe Hitler en 1942. Mais comme avec le portrait, il arrive que l’on confonde peinture et figure… à tort ou à raison, je lui préfère largement celui de cette jeune femme. Allez savoir pourquoi.

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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 16:33

Masure au bord d’un chemin, huile sur toile signée Willems (?), 35 cm x 46 cm. Ecole belge vers 1920 – 1930. Collection personnelle.

 

     L’école belge du début du XX è siècle regorge de talents plus ou moins anonymes qui ont trouvé à s’épanouir dans l’exercice du paysage en particulier. Leur redécouverte est progressive : ils ne sont pas essentiels. Mais certains de leurs traits communs me plaisent bien : thèmes rugueux, images très charpentées, sens de la matière et lumière subtile. On y retrouve nécessairement ces ambiances extérieures des Flandres faites d’une douce rusticité.

" Willems " semble être ici l’auteur que la signature - peu lisible - désigne. C’est un nom courant ; trop d’ailleurs pour se lancer dès maintenant dans des recherches éperdues sur ce point précis.

On se contentera de relever une facture usant vigoureusement du couteau et des brosses pour étendre, talocher et griffer une matière très collante. En lumière rasante, la surface du tableau alterne ainsi clairement zones lisses et zones triturées.

Le coloris passe assez mal à la reproduction mais le vieux rose du sentier boueux joue bien avec quelques verts menthe, et le violacé des arbres du fond, le gris bleu du mur de façade trouve ici ou là quelques réponses orangées qui ravivent une palette largement rompue… L’ensemble est à voir de loin.

Nous considérons là un type de peinture certes décalé par rapport aux divers mouvements d’avant-garde, mais dont l’intérêt n’est pas pour autant à négliger. Le spectre de chaque époque le l’histoire de l’art est souvent trop large pour l’appréhender dans son ensemble. Bâtir l’index des épisodes qui la fondent a un côté pratique et confortable. Parcourez-en les annexes et vous vous surprendrez à musarder.

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15 novembre 2006 3 15 /11 /novembre /2006 18:08

Académie d’homme de dos penché en avant, pierre noire et craie blanche sur papier bruni, 56 cm x 45 cm. Ecole française de la seconde moitié du XVIIIè siècle. Collection personnelle.

 

 

Difficile de déterminer avec certitude le statut de cette académie.

On sait qu’au cœur de l’enseignement dispensé par l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture aux XVIIè et XVIIIè siècles, l’étude du corps humain nu occupait une place de choix. De nombreuses écoles des Beaux Arts en ont d’ailleurs longtemps perpétué le souvenir plus ou moins édulcoré.

Mais l’approche de la chose était à l’origine plus méthodique. Avant de passer à l’étude d’après la bosse ou l’antique ( d’après la sculpture en somme), l’élève admis à l’Académie en classe élémentaire s’exerçait d’abord à copier des dessins de maîtres anciens ou contemporains ou encore quelque reproduction gravée de ces dessins. Des études graphiques originales de Carle Van Loo, Fragonard, Lagrenée…ainsi que des gravures de Demarteau, Le Bas, Petit, servaient ainsi régulièrement de modèles.

La belle qualité de notre spécimen ( bien qu’usé et un peu taché), ne m’invite pas à le considérer comme un travail de début d’apprentissage. Les proportions sont parfaitement maîtrisées, tout comme l’anatomie générale, la lumière et le trait.

       Faut-il pour autant y voir un modèle original et en déduire que s’y cache la main d’un artiste prestigieux parmi ceux cités plus haut ? C’est une hypothèse (qui m’arrangerait !) mais il faudrait l’étayer par des comparaisons nourries. Le gourdin ( ?) sur lequel s’appuie le modèle suffirait-il seulement à imaginer une étude préparatoire de l'un d'eux pour un possible Hercule -  en dernière analyse, bien frêle et passablement fatigué - ?

En revanche, si l’on revient au parcours de notre apprenti académicien, il est possible que ce dessin revête encore un autre statut : celui d’académie d’après nature. Dans ce cas, c’est plus en fin qu’en début de formation qu’il conviendrait de le situer car seul l’élève terminant son apprentissage du dessin pouvait prétendre à l’étude du modèle vivant.

Y constater aisance et maîtrise n’aurait alors plus rien d’étonnant : nous aurions tout simplement affaire à l’œuvre d’un bon élève. Et on peut s’en contenter…

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11 octobre 2006 3 11 /10 /octobre /2006 14:25

Restons encore un peu avec Jacques Blanchard…

… et permettons qu’un visage s’accroche à ce nom. Voici donc notre homme.

 

 

Gérard Edelinck, Jacques Blanchard peintre ordinaire du Roy, d’après un Autoportrait de Jacques Blanchard, gravure 25,5 cm x 19 cm, 1700. Collection personnelle.

 

 

     Dire de cette gravure qu’elle fut exécutée en 1700 par Gérard Edelinck pour figurer au frontispice de la notice concernant Blanchard dans le tome II des Hommes illustres de Charles Perrault, c’est déjà dire l’estime dans laquelle on tenait encore notre peintre – surnommé le Titien français - 62 ans après sa mort. Et ce en dépit d’une carrière bien courte : 10 ans à peine.

Préciser que cette gravure fut exécutée à partir d’un autoportrait, c’est autant rappeler l’existence du tableau qu’elle interprète - tableau perdu d’ailleurs ( mais l’est-il vraiment ?) – que cet objet toujours singulier à travers lequel l’artiste se donne à voir en même temps qu’il se regarde. Qu’en voit-on donc ?

Il faut passer outre ce qui n’est que mise en page pour le projet de Perrault (l’occulus, le médaillon, la tablette, l’inscription) et s’attacher au reste qui doit correspondre assez exactement - sur ce point on peut faire confiance à Edelinck ! – à l’image véhiculée par le tableau.

Cette image est celle d’un jeune homme de 30-32 ans à la grâce négligée dont le statut de peintre semble secondaire puisqu’aucun attribut ne vient ostensiblement l’affirmer. Sa mise est conforme à cette mode si équilibrée qui traverse les œuvres de Callot et d’Abraham Bosse en même temps qu’elle enveloppe les élégants du règne de Louis XIII ; chemise blanche sous un pourpoint entrouvert au ventre et tailladé de larges chiquenades ; col rabattu orné de glands et bordé de dentelles, replié sur les épaules comme un avatar fané des fraises du siècle précédent ; cheveux naturels, longs, se terminant en une sorte de cadenette ; moustache étirée et barbiche pointue à la royale.

Une belle lumière tombe droite sur l’avant du buste tourné de ¾ et donne l’impression que l’artiste sort discrètement de la pénombre. Le fond est neutre. La tête se penche un peu. Le regard doux se dérobe avec mélancolie et suggère une activité intérieure dense à moins qu’il ne s’agisse de nonchalance. Il y a comme quelque chose d’un instant suspendu.

 

Chacun interprétera cet ensemble de signes comme bon lui semble. Personnellement, j’y vois beaucoup de ce qui fait la subtilité et la sensibilité de l’art de Jacques Blanchard.

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18 septembre 2006 1 18 /09 /septembre /2006 15:24

Du Portrait de Jacques Offenbach au Metopoceros cornu de Saint-Domingue.

 

     Pour faire suite à l'article COLLECTION : " le Cygne " un dessin présumé d'Alexandre Laemlein et pour tenter de conclure efficacement sur le sujet, j'ai inversé le document montrant le Portrait d'Offenbach. Rappelez-vous, c'était une simple question de "bon sens".

Image inversée du Portrait de Jacques Offenbach par A. Laemlein.

 

Ce petit artifice nous permet de mieux comparer le graphisme de cette lithographie avec celui des deux dessins ci-dessous achetés dans un lot qui comprenait le fameux Cygne aux faux airs de Phénix.

 

Trois vues d'un Goéland, 20 cm x 18 cm et Le Metopoceros cornu de Saint-Dominque, 8cm x 25,5 cm, mine de plomb sur papier. Collection personelle.

 

Bien que nous ne disposions pas d'une bonne reproduction du Portrait d'Offenbach, il me semble toutefois possible de relever quelques points utiles en s'attachant aux parties les plus lâches de cette représentation - revers de la veste, manche, zone basse du fond - là où les hachures s'émancipent.

On retiendra les caractéristiques d'un dessin " cassé" traitant la volumétrie du modèle en facettes, par surfaces délimitées puis ombrées de traits parallèles, un dessin qui cherche ses contours par à-coups. Une autre caractéristique se manifeste dans la présence de petits traits allant par groupes de deux ou trois comme des griffures marquant quelque modulation du relief.

En s'approchant de nos deux dessins, on constatera sans trop de peine l'existence de caractéristiques bien similaires.

 

Détails des deux dessins précédents.

 

Même si leur qualité plastique est moindre que celle exprimée dans " Le Cygne ", même s'ils ont une dimension bien plus anecdotique, ces deux dessins n'en demeurent pas moins essentiels ici pour permettre de remonter le fil jusqu'à leur auteur présumé. Il faut donc au moins leur reconnaître cette place.

C'est pourquoi, je crois, en dernière analyse, que nos trois feuilles reviennent bien à Alexandre Laemlein. Permettez-moi de ne plus en douter... ou si peu.

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5 septembre 2006 2 05 /09 /septembre /2006 18:28

Le Cygne, Alexandre LAEMLEIN ( ?), 1813-1871, sanguine et pierre noire sur papier, 24 cm x 13,5 cm, vers 1850. Collection personnelle.

 

De prime abord, l’identification du " sujet " de ce dessin n’est pas immédiate. L’objet de la représentation y est aussi partiel que les moyens graphiques employés y sont exacerbés : démultiplication, accumulation, superposition de traits variés, repentirs manifestes, zones abouties et parties délaissées… ce qui permet sans doute à l’œil de mieux s’attacher  à l’aspect fondu de la sanguine, à son parcours nerveux, à son rouge argileux rehaussé par quelques incisions de pierre noire.

De cet ensemble à la fois hésitant et déterminé, finit toutefois par émerger une figure : celle d’un cygne. La verticalité du format, la vibration des traits, l’amorce d’un développement d’aile donne au balancement entre fini et non-fini des allures de mutation jusqu’à insuffler à cet oiseau quelque chose du Phénix. Personnellement, j’aime beaucoup.

Lorsque j’ai acquis ce dessin (avec deux autres de la même main), son ancien propriétaire le disait d’Alexandre Laemlein ; peintre d’histoire et portraitiste, graveur et lithographe né en Bavière en 1813, mort dans le Loir-et-Cher en 1871, formé auprès de Regnault et de Picot. Le BENEZIT, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, précise encore quelques données biographiques utiles à celui qui voudrait en savoir un peu plus. Pour ma part, la qualité du dessin me semblait suffisante pour être d’une bonne main.

Mes recherches m’ont conduit à croiser depuis quelques peintures de Laemlein : les portraits d’hommes célèbres du Musée du château de Versailles en particuliers. Quatre œuvres d’inspiration néo-gothique pas très enthousiasmantes, je dois l’avouer.

Du côté de son œuvre graphique, je n’ai trouvé pour l’instant que la reproduction de ce portrait de " Jacques Offenbach " signé et daté 1850, conservé à la BNF.

Portrait de Jacques Offenbach, Alexandre Laemlein, 1850, lithographie, BNF.

 

Croyant d’abord à un dessin, j’ai douté. Si en effet, on pouvait y retrouver un sens de la hachure comparable à celui qui traduit le plumage de notre cygne, il y avait une différence de taille : ces hachures orientées de haut en bas vers la droite étaient manifestement l’oeuvre d’un gaucher alors que celles de notre dessin orientées de haut en bas vers la gauche revenaient immanquablement à un droitier ! Le doute était d’autant plus justifié que la tenue du violoncelle par Offenbach (main gauche sur le manche, archet dans la main droite) quant à elle, était correcte, tout comme la signature de Laemlein ainsi que la date, lisibles à l’endroit. L’image n’était donc pas inversée. Et pourtant …

En cherchant encore, j’ai appris que ce document était en fait la reproduction d’une lithographie imprimée chez Lemercier à Paris en 1850. Hors, qui dit lithographie dit inversion droite/gauche. En lithographe averti, Laemlein avait sans doute compensé sur sa matrice même la tenue de l’instrument en faisant poser Offenbach l’archet à la main gauche et la main droite sur le manche du violoncelle. A l’impression de remettre les choses dans le bon sens. Les choses… mais pas les hachures.

L’attribution avancée par l’ancien détenteur de notre dessin - attribution motivée par le fait que cette feuille se trouvait parmi d’autres dans un carton au nom de Laemlein (ce qui fait un peu juste) – n’a donc finalement pas à être mise en doute.

D’autres comparaisons permettront même peut-être de la confirmer.

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28 juin 2006 3 28 /06 /juin /2006 12:46

Richard Texier, lithographie sur peau de chamois ( 10,5 cm x 8 cm) contrecollée sur carton (22 cm x 16,5 cm), numérotée 20/22 et signée au crayon, vers 2000. Collection personnelle.

 

     Des signes, des êtres graphiques flottent ou traversent des portions de surfaces tactiles souvent longuement travaillées. Circonscrite ou tranchée par les bords de l’œuvre, l’écriture de Texier se développe en formes combinées, en symboles connus ou inconnus, en graffitis incertains que l’on rattache tant à la cartographie marine ancienne qu’aux peintures rupestres. Dans cette formule d’élégance rustique, Texier serait un peu à comprendre comme un héritier de Tàpies et de Miro. C’est sans doute réducteur, mais si vous souhaitez en savoir plus sur ses travaux récents, je vous conseille la visite de son site : http://www.richardtexier.com/

     Sans compter parmi les lithographies de Texier les plus complexes - techniquement parlant -, celle-ci, en recourant à la peau de chamois comme support, permet de ne pas rompre un lien à la matière et au matériau que ce type de reproduction mécanique a trop tendance a relativiser, voire à nier.

Or notre artiste, sans matière, perd beaucoup de son sens et par conséquent, de son intérêt.

Quitte donc à collectionner aussi des estampes contemporaines (il y aurait beaucoup à dire sur la question), autant essayer de le faire autour de certaines exigences… ça peut aider.

 

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